Depuis la nuit des temps, les oiseaux côtoient intimement l’homme, en faisant rêver plus d’un. La joie qu’ils peuvent apporter par leur chant ou leur simple vision furtive et colorée, la liberté qu’ils symbolisent en prenant leur envol, le mystère qu’ils génèrent lorsqu’ils se rassemblent à l’automne, la force qu’ils déploient pour gagner l’autre bout du monde à cette période, leur fidèle réapparition et leurs concerts renaissant à l’entame de la belle saison, sont autant de phénomènes qui fascinent depuis toujours.
Jusqu’il y a peu, les oiseaux étaient présents à peu près partout sur la planète et nos campagnes figuraient en bonne place parmi les endroits où ils étaient particulièrement nombreux, en termes d’individus autant que d’espèces. Mais au fil des dernières décennies, l’homme a radicalement changé ses rapports avec la nature et beaucoup d’espèces sauvages, d’oiseaux notamment, ont vu leurs effectifs fondre comme neige au soleil. Dans nos régions actuellement, celles les plus mal en point vivent en zone rurale, victimes essentiellement de l’industrialisation de l’agriculture et de l’urbanisation. Celles qui fréquentent nos forêts, biotopes à évolution beaucoup plus lente et à gestion parfois un peu moins artificielle, se portent comparativement mieux. Enfin, en zone d’habitat, la tendance est à la banalisation, les espèces les moins exigeantes tirant leur épingle du jeu.
Dans les zones à forte densité humaine comportant des jardins, le constat est d’autant plus amer qu’une certaine pression sociale et commerciale nous pousse constamment -et souvent bien malgré nous- à gérer nos espaces verts de manière très artificielle et contraire à l’installation de la biodiversité : pelouses rases, uniformes, gorgées d’azote et sans autres végétaux que l’ « herbe ». Haies monospécifiques, étroites, taillées au cordeau, plusieurs fois par an et régulièrement constituées d’essences exotiques. Parterres et potagers les plus « propres » possible, où sont pourchassés orties, chardons, liserons et autre plantes « libres », mais aussi insectes en tous genres.
Cela donne sans doute à l’humain une sensation rassurante d’ainsi dominer totalement la nature, mais l’éloigne en réalité de celle-ci, le privant d’un jardin plus accueillant pour la faune sauvage, riche en émerveillements et en services en tous genres.
Première étape à franchir pour accueillir plus de nature et d’oiseaux chez soi: prendre conscience de cet état de « soumission » à la pression socio-commerciale évoquée et des dégâts qu’elle peut faire. Ensuite, avec de la bonne volonté, de l’observation et quelques connaissances, sans dépenses particulières ni perte de confort, agir pour conférer à notre jardin un intérêt biologique et un attrait bien différents. Bien sûr, ces modestes aménagements ne sauveront pas la planète entière, mais aux côtés d’une vaste monoculture ou d’une zone bétonnée, les jardins « nature admise » peuvent avoir des airs d’oasis ! Et les oiseaux, particulièrement mobiles, ne s’y tromperont pas !
Dans toute action concernant la nature, y compris en jardinage, ne perdons pas de vue la notion de « symbiote » : tentons de rendre quelque chose à la Nature (ici favoriser la vie sauvage au sens large), en échange de ce qu’on lui prend (en termes d’habitat et de quiétude par exemple) et de ce qu’elle nous apporte (satisfaction de l’observer à nos portes, mais aussi pollinisation etc…).
Puisse cet ouvrage aider à poser un autre regard sur nos jardins, à les aménager dans un but d’épanouissement parallèle de la nature, de la gent ailée et du nôtre !
Fiche de présentation: ici